La Chirurgie du Pancréas
La chirurgie consiste à retirer la partie du pancréas sur laquelle une tumeur maligne ou à risque de dégénérescence s’est développée. Le type de chirurgie dépend de la partie du pancréas où est située la tumeur.
On parle de duodénopancréatectomie céphalique (DPC) pour une intervention sur la tête du pancréas ou de splénopancréatectomie gauche (SPG) pour une opération sur le corps ou la queue du pancréas.
Très rarement, une pancréatectomie totale peut être effectuée si la tumeur s’est étendue à l’ensemble du pancréas.
Pendant l’intervention, une partie de l’intestin (le duodénum), de l’estomac, la vésicule biliaire (au cours d’une DPC) et la rate (au cours d’une SPG) peuvent également être enlevées. L’objectif est de passer plus à distance de la tumeur et des ganglions lymphatiques éventuellement envahis, et éviter ainsi une récidive tumorale sur ces organes.
L’anatomie du pancréas
Un curage ganglionnaire est systématiquement réalisé lors de la résection chirurgicale. Le chirurgien retire les ganglions lymphatiques voisins de la tumeur. Les ganglions sont analysés à l’aide d’un microscope pour déterminer s’ils contiennent ou non des cellules cancéreuses. C’est un facteur pronostique, c’est-à-dire que cela donne une information sur l’évolution probable de la maladie.
DANS QUELS CAS LA CHIRURGIE EST-ELLE INDIQUÉE ?
La chirurgie du pancréas est une chirurgie lourde qui ne peut pas être effectuée pour tous les patients.
La localisation de la tumeur primitive, l’extension des cellules cancéreuses à certains ganglions lymphatiques, aux vaisseaux sanguins ou à d’autres organes, ainsi que votre état de santé, sont les critères qui déterminent si l’opération est le traitement indiqué.
Ainsi, la chirurgie est indiquée pour les formes localisées avec une tumeur dite résécable, c’est-à-dire qui peut être complètement retirée par chirurgie, et pour les patients qui présentent un bon état de santé général, donc opérables.
En fonction des caractéristiques de la tumeur, une chimiothérapie peut être indiquée avant la chirurgie afin d’améliorer les résultats de la chirurgie ou si cette dernière n’est pas possible. Dans certains cas, l’opération est rendue possible dans un second temps, après une chimiothérapie d’induction, qui peut être suivie d’une chimioradiothérapie.
COMMENT SE PRÉPARER À L’INTERVENTION ?
Deux consultations sont programmées plusieurs jours avant l’intervention, l’une avec le chirurgien, l’autre avec l’anesthésiste. Un bilan préopératoire doit également être réalisé ; il repose sur les examens du bilan préthérapeutique.
LA CONSULTATION AVEC LE CHIRURGIEN
Le chirurgien vous explique :
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les objectifs de l’opération ;
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la technique qu’il va utiliser ;
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les suites opératoires ;
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les complications possibles.
Cette consultation est l’occasion de poser toutes vos questions au sujet de l’intervention.
LA CONSULTATION AVEC L’ANESTHÉSISTE
L’intervention est réalisée sous anesthésie générale. La consultation avec l’anesthésiste permet d’évaluer les risques liés à l’anesthésie, en prenant en compte vos antécédents médicaux et chirurgicaux.
Il est important de signaler :
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tout problème de santé, notamment les allergies (rhume des foins, eczéma, allergie à certains médicaments, réactions lors d’une précédente opération…) ;
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les problèmes respiratoires (asthme, bronchite chronique…) ;
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les problèmes de coagulation liés à une maladie ou à une prise régulière de médicaments (aspirine, anti-inflammatoires, anticoagulants) ;
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les maladies chroniques dont vous pourriez souffrir (diabète, hypertension, insuffisance cardiaque ou rénale…),
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votre consommation d’alcool et de tabac.
Un anticoagulant est un médicament qui diminue la coagulation (transformation d’une substance liquide en une masse solide) du sang, évitant ainsi la formation de caillots dans les vaisseaux sanguins.
Cette consultation est l’occasion de poser toutes vos questions au sujet de l’anesthésie.
L’ÉVALUATION DE VOTRE ÉTAT NUTRITIONNEL POUR LUTTER CONTRE UNE DÉNUTRITION
Votre « état nutritionnel », c’est-à-dire le bon équilibre entre ce que vous mangez et ce que vous dépensez, est souvent altéré par la maladie et aggravé par la chirurgie. Cela risque d’entraîner une dénutrition qui se manifeste par une perte de poids.
Si l’équipe médicale constate une dénutrition avant ou après l’intervention, vous pourrez bénéficier d’un support nutritionnel complémentaire de votre alimentation visant à rétablir votre état nutritionnel. Il peut s’agir :
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de la prescription d’une alimentation enrichie en calories ou protéines ;
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de compléments nutritionnels oraux (CNO) ;
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d’une nutrition entérale (via une sonde introduite par une narine jusque dans l’estomac) ou parentérale (via une perfusion).
COMMENT SE DÉROULE L'INTERVENTION ?
Une voie d’abord désigne le chemin utilisé pour accéder à l’organe ou à la zone à opérer. Deux voies d’abord peuvent être utilisées pour opérer un cancer du pancréas : la laparotomie et, plus rarement, la cœlioscopie.
QU’EST-CE QUE LA LAPAROTOMIE ?
La laparotomie consiste à réaliser une ouverture dans le ventre (on parle de chirurgie « ouverte ») pour accéder au pancréas et aux organes à proximité. Le chirurgien effectue une incision horizontale sous les côtes ou verticale au milieu de l’abdomen.
Cette technique permet au chirurgien d’observer et de palper minutieusement toute la cavité abdominale pour vérifier que la tumeur n’est pas plus étendue que prévu, avant de retirer la partie du pancréas atteinte par la tumeur.
La laparotomie est la technique de référence pour la duodénopancréatectomie céphalique.
QU’EST-CE QUE LA CŒLIOSCOPIE ?
La cœlioscopie (ou laparoscopie) est une technique chirurgicale récente (opération à ventre fermé ou « mini-invasive »). Elle n’est pas encore considérée comme un standard pour la réalisation d’une duodénopancréatectomie céphalique, mais peut être proposée dans certains cas de splénopancréatectomie gauche.
Le chirurgien effectue plusieurs petites incisions qui lui permettent de passer un système optique (une sorte de caméra), ainsi que des instruments chirurgicaux, à l’intérieur de l’abdomen. Le système optique est relié à un écran extérieur et le chirurgien opère en regardant l’écran.
Les bénéfices à court terme de la cœlioscopie : diminuer la douleur et les complications après l’intervention, réduire la durée d’hospitalisation, ou encore préserver la paroi abdominale avec un bénéfice esthétique (pas de grande cicatrice).
Pour plus d'information :
DUODÉNOPANCRÉATECTOMIE CÉPHALIQUE (DPC)
Si la tumeur est localisée à la tête du pancréas, le chirurgien effectue une duodénopancréatectomie céphalique (DPC).
La duodénopancréatectomie céphalique (DPC)
SPLÉNOPANCRÉATECTOMIE GAUCHE (SPG)
Si la tumeur est localisée au corps ou à la queue du pancréas, le chirurgien effectue une splénopancréatectomie gauche (SPG).
Cela consiste à enlever la queue du pancréas.
La splénopancréatectomie gauche (SPG)